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Ville épiscopale, ancien évêché du Couserans, Saint-Lizier (près de St-Girons dans l'Ariège) date de 72 av. J.C. et la cathédrale du XI° siècle. L'édifice actuel fut achevé en 1117. La cathédrale et le cloître roman sont inscrits au patrimoine mondial par l'UNESCO en tant que jalons principaux des itinéraires jacquaires. La cité a été construite dans l'enceinte d'un rempart de l'antiquité romaine. Le Palais des Evêques a été construit au cours des siècles. Du Moyen Age jusqu'à la révolution de 1789, les Evêques l'ont aménagé et voué à l'accueil des plus démunis. Par la site, le Palais est devenu Dépôt de Mendicité et hôpital psychiatrique.
Dans cet ancien évêché du Couserans, 77 évêques se sont succédé du V° au XVIII° siècle. Certains de ces prélats ont, plus que d'autres, contribué à l'enrichissement et au rayonnement de la cité, tant sur le plan spirituel que sur le plan patrimonial.
La cathédrale présente dans l'abside des fresques romanes remarquables, sûrement les premières grandes peintures romanes à être parvenues pour la région pyrénéenne. Dans l'abside nord, un ensemble de même époque illustrant la Jérusalem Céleste. L'abside à 5 pans coupés est constituée de blocs antiques. Le coeur fut voûté au XII° siècle et la nef au XIV° et XV° siècle. Le clocher de type toulousain (forme octogonale, briques, ouvertures en forme de mitre) fut élevé à la fin du XIII° siècle. Le chevet est composé de remplois gallo-romains. Sur la tribune, se dresse l'orgue au buffet du XVII° siècle. Outre son rôle d'instrument de concert, il conserve sa vocation première : celle d'accompagner les offices religieux. La luminosité des lieux est intensifiée par le décor "taille-pierre" des voûtes et amplifiée, à certains moments de la journée et de l'année (novembre, décembre, janvier), part la lumière naturelle.
Dans le cloître, des chapiteaux du XII° siècle à entrelacs et feuillages alternant avec personnages et animaux, illustrent l'appartenance à l'école toulousaine de la Daurade (vers 1150 - 1180). Ceux des autres galeries s'en inspirent mais ils sont d'une exécution plus simple. Ils ont sans doute été réalisés jusqu'au milieu du XIII° siècle. Les scènes bibliques sont rares (seulement deux : Adam et Eve et Daniel dans la fosse aux lions). Le cloître roman est surmonté d'une galerie ajoutée au XIV° siècle. On aperçoit sur trois registres, des fresques du XIV° siècle. Ce cloître était un lieu de promenade et de méditation pour les chanoines.
Entre les 2 premières tours, se trouve la tour de l'horloge, porte d'accès à la ville haute, bâtie au Moyen Age, peut-être à l'emplacement d'une porte antique. Les contreforts, massifs rectangulaires sur la partie externe, jouent un rôle de raidisseur de la courtine surplombant l'escarpement nord, défense naturelle. Le premier contrefort au nord-est serait une tour carrée antique aux murs internes détruits et dans laquelle fut rebâtie une tour médiévale dite "tour de feu". La face ouest porte des piliers qui semblent avoir eu une fonction décorative plutôt que défensive ou architectonique. 16 déversoirs évacuant les eaux pluviales, traversent la muraille. Construits avec des éléments de remplois en marbre, leur base débordait à l'extérieur, suffisamment loin du mur. Au sud-ouest, le rempart se prolonge par un mur massif en partie détruit, descendant vers le Salat et la base d'une tour, protection de la rivière ou du point d'eau. La construction d'une telle enceinte résulte d'une bonne connaissance de l'espace, ainsi que des matériaux et des moyens nécessaires à mettre en oeuvre pour que la forteresse ferme la vallée en son point le plus étroit. Le rempart de St-Lizier parait être l'ouvrage élaboré au V° siècle par un pouvoir politique sûr de ses analyses et de ses moyens.
Sur la route de St-Jacques de Compostelle, le Palais des Evêques domine la Cité médiévale de St-Lizier. il est entouré d'un parc et de beaux jardins en terrasse. Il donne aussi un magnifique point de vue sur les montagnes du Couserans et la vallée du Salat. L'espace protégé de la citadelle incita l'évêque à y installer le siège épiscopal, probablement érigé en diocèse à la fin du V° siècle. Cet immense monument étire sa façade sud en assise sur le rempart qui intègre trois des tours de défense, remaniées au cours de l'histoire du palais et de sa cathédrale Notre Dame de Sède à l'ouest. Comme la plupart des évêques au Moyen Age, les évêques de St-Lizier, issus de l'aristocratie, détenaient les fonctions politiques tout en administrant les biens patrimoniaux de l'Eglise dont la justification était la redistribution partielle aux pauvres. Cette nouvelle puissance entraîna un conflit de plus d'un siècle avec le comte de Comminges qui mit à sac la cité vers 1130. Bénéficiant d'une bonne connaissance de la culture antique, les évêques furent d'abord des bâtisseurs. Ils engagèrent au cours des siècles des campagnes d'agrandissement et de décor du palais et de sa cathédrale pour embellir leurs lieux de vie, affirmer leur pouvoir et transmettre une tradition religieuse et culturelle. Le site bâti en conserve de nombreux éléments qui se révèlent dans l'abside romane à l'est, l'enfeu gothique (niche funéraire sur la façade nord de la cathédrale) la rampe en fer forgé au XVIII° siècle de l'escalier d'accès au musée.
St-Lizier abrite aussi un musée ethnographique dans le cadre superbe du Palais des Evêques. Les collections Jacques Bégouën et Chaubert Mader y sont présentées. La réhabilitation de cet ensemble bâti a permis de regrouper une grande partie de l'histoire de l'Ariège. Ce musée rassemble des objets quotidiens et raconte les activités, les rites des habitants de l'Ariège depuis le XIX° siècle. Dans les vastes caves et les écuries du palais, des expositions temporaires d'art contemporain sont proposées au public. Le Palais héberge temporairement le lit d'Henri IV restauré dernièrement.
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